Un tout petit peu quand il faudrait beaucoup plus et mieux

Le monde ne tourne plus comme avant faute à une pandémie hors de toute proportion. Ses pics qui avaient été prématurément annoncés se révèlent être des mirages dangereux, et les précautions prises toujours plus insuffisantes. Que penser notamment d’une situation où, faute de prise en charge hospitalière des cas peu symptomatiques de l’infection, leur vie doit être partagée par leurs proches, sans parler du cas des infections asymptotiques non dépistées faute de campagnes de tests ?

Dans le pays des lunch box – cette formidable organisation de la distribution des repas de midi sur les lieux de travail – la pénurie alimentaire menace, la chaîne allant des producteurs aux consommateurs étant atteinte. L’Inde pourrait être touchée par un autre fléau, la famine. Et si la pandémie affecte durement les pays dits développés, les autres ne perdent rien pour attendre. Les habitants des favelas de Rio ou des Townships sud-africain ainsi que tous les démunis du monde entier sont des proies toutes trouvées pour le coronavirus.

La réponse apportée est criante d’insuffisance malgré les milliards d’euros, de livres, de yens et de dollars qui volent, et ceux qui prétendent la graduer à l’instar d’Emmanuel Macron essayent de faire bonne contenance pour dissimuler leurs insuffisances. Dans la presse italienne, le président français s’essaye à un coup de menton dérisoire en assurant qu’il ne baissera pas les bras lorsqu’il réclame en pure perte « une solidarité européenne » (même symbolique, précise-t-il en modérant par avance sa requête). Giuseppe Conte, le président du Conseil a tiré les leçons du dernier Conseil européen en déclarant qu’à ce train-là «  l’édifice européen tout entier risque de perdre sa raison d’être ». Après la sortie du Premier ministre portugais Antonio Costa, il se confirme que les compromissions ne sont plus possibles, à moins de biaiser.

Certains vont même contre leur nature, mais ils restent à la surface des choses. La BCE appelle les banques à ne pas distribuer de dividendes à leurs actionnaires pour garder le maximum de munitions et à l’arrêt des rachats d’actions destinés à faire monter les cours (avec les ventes à découvert, ceux-ci contribuent à faussement donner des couleurs aux places boursières.) Et, comme au bon temps de la crise précédente qui les avaient vus procéder par nationalisation, les autorités américaines font au moins preuve de pragmatisme. Cette fois-ci, Donald Trump contraint par décret General Motors à produire d’urgence des respirateurs après avoir prétendu quelques jours auparavant que le pays ne risquait pas d’en manquer.

Ils en viennent aux dernières extrémités, toutes relatives vu d’où ils partent, mais le compte n’y est toujours pas alors qu’il commence à être fait référence à la crise de 29 et à la Grande dépression. Le New Deal de Franklin Roosevelt qui s’en était suivi est rappelé à notre bon souvenir, faut-il encore le mettre en œuvre ! Impressionnés par l’adoption par le Congrès américain du plan devenu à force de tractations « bipartisan » de 2.000 milliards de dollars, les dirigeants japonais vont y aller du leur. Selon le Premier ministre Shinzo Abe, il comportera à la fois des mesures budgétaires, monétaires et fiscales, sur le mode d’une étroite collaboration entre gouvernement et banque centrale qui continue de briller par son absence en Europe.

Faire prendre conscience, en jouant contre la montre, des dangers du bouleversement climatique pour obtenir des mesures déterminantes était déjà une tâche de longue haleine. À l’inverse, le choc de la pandémie est là qui impose sans tarder une réaction radicale. Mais cela heurte un conformisme enraciné et des croyances d’un autre âge, pour ne pas employer les grands mots.

12 réponses sur “Un tout petit peu quand il faudrait beaucoup plus et mieux”

    1. Ce qui est pathétique dans cette crise et était clairement visible hier lors de la conférence de presse du premiet ministre et ministre de la santé est que nous dépendons complètement de l’étranger et notamment de la chine et de l’inde, usines du monde pour notre sécurité sanitaire.
      Les masques chirurgicaux, les masques FFP2, les produits désinfectants, certains médicaments de base sont fabriqués en grande partie à l’extérieur de notre pays,voire de l’europe.
      Des pans entiers de notre industrie ont été délocalisés au nom de la mondialisation heureuse, flux tendus, zéro stock, avec les resultats que l’on connaît.
      Je ne suis pas certain que cette pandémie inverse le cours de cette logique sauf si, et personne ne le souhaite, elle devient totalement hors de contrôle et chronique.
      Quant à la polémique, chloroquine efficace ou pas, j’en arrive à me demander si l’annonce de son éventuelle efficacité ne serait pas retardée le temps de constituer des stock et éviter des émeutes.

      1. Manquerait’y pas qu’un p’tit  » j u b i l é  » …?

        Je vois mal (géopolitiquement) 3 ou 4 pays européens géographiquement séparés conserver l’€.. et tous les autres reprendre leur monnaie…? Quel bor**l..!

        1. L’euro n’est qu’un Deutsche Mark déguisé et il n’est pas dit que l’Allemagne ne préférera pas quitter l’UE (et donc la faire imploser) plutôt que de voir sa politique monétaire « clubméditerranisée ».

          Un scénario rendu d’autant plus possible après le passage dévastateur du Covid-19. Pourquoi rester avec des pays dont le ratio dette sur PIB va exploser alors qu’il est possible de se replier sur son Hinterland avec les Pays Bas, la Finlande, l’Autriche et les pays du groupe de Višegrad pour base industrielle ?

          Une question que beaucoup ne manqueront certainement pas de se poser. Et pas uniquement à l’extrême-droite.

          1. …  »  »  » il n’est pas dit que l’Allemagne ne préférera pas quitter l’UE  »  » « …

            L’Allemagne quitter seule la zone-€uro … mon rêve réalisé de mon vivant…. ^!^…. le pied… comme je l’ai souhaité depuis si longtemps sur le blog-père du présent… !!
            Le nouvel €uro dévalué de 30% par rapport au DM enserré dans ses pays débouchés (pour une grande partie de son commerce extérieur) … le retour de la « compétitivité » de l’économie  » eurorpheline  » face au reste des autres « monnaies » …la revalorisation de la paysannerie , pan indispensable du renouveau , mise en évidence par le Covid19… la re-localisation des modules industriels indispensables rapatriés …

            Ya sans doute une faille quelque part.. c’est trop beau pour être vrai…

          2. La faille principale réside bien sûr dans les égoïsmes nationaux. Ceux-là mêmes que l’Allemagne aura alors intérêt à exacerber en faisant pression sur les plus faibles économiquement, afin qu’ils signent avec elle des accords bilatéraux. Bref, la méthode Trump copiée/collée par Berlin.

            France, Italie et Espagne, respectivement seconde, troisième et quatrième économies de la zone euro parviendraient-elles alors à trouver un terrain d’entente au mieux de leurs intérêts communs ? Plus problématique, est-il concevable que les dirigeants de ces trois pays jettent les bases d’une Europe –vraiment- sociale afin de convaincre leurs populations ?
            En face, la partie jouée par l’Allemagne serait incomparablement plus facile tant elle dominerait alors par son poids économique ses partenaires. Quant à son logiciel ordolibéral, il n’y aurait pas une seule ligne à changer. Alors que les pays du sud devraient eux tout réinventer.

            Comme disent les ouineurs, c’est un beau challenge…

          3. Ah oui, j’allais oublier de préciser tant c’est évident : prétendre réinventer une Europe sociale avec MM Macron et consorts aux commandes, autant essayer de convertir au véganisme Hannibal le cannibale.

          4. … » l’Allemagne aura alors intérêt à exacerber en faisant pression sur les plus faibles économiquement, afin qu’ils signent avec elle des accords bilatéraux  » …

            Suivez mon regard … listez… vous les voyez les dirigeants de ces pays « expliquer » à leur populo qu’ils vont être vassalisés légalement et sans violence cette fois par les allemands… Alors qu’ils pourraient (ces pays) occuper une « place de choix » au sein de la nouvelle eurorpheline
            Sans doute est-il temps que j’aille me coucher…^!^…
            Non , vraiment , ce serait trop beau.. Quoique.. le diable est dans les détails..

          5. « Suivez mon regard … listez… vous les voyez les dirigeants de ces pays « expliquer » à leur populo qu’ils vont être vassalisés légalement et sans violence cette fois par les allemands… »

            Est-ce vraiment la question ? Ou bien de connaitre la manière dont le nouveau paysage économique imposé par l’Allemagne pourrait être le plus profitable pour les banquiers et industriels français ou italiens. Ce sont ces derniers qui décideront in fine de la politique suivie par chacun de ces pays, l’œil rivé sur le profit à court terme

            Quant au populo, il se contentera de voter pour les petits chevaux de bois qu’on lui présentera. Nous sommes en démocratie que diable !

          6. (( désolé pour les « grasses » en surnombre.. un moment d’égarement…^!^… ou de « Parkinson » débutant..))
            Bien entendu « toussa » ne se fera pas… l’Allemagne ne quittera pas ( ou plutôt ne quittera jamais seule..) d’initiative
            Ça m’aurait quand même plu de vivre les (més?)aventures de cette  » eurorpheline  » …(( au point que je la baptise €_U ..)) pendant quelques mois/années..!
            Vraiment.

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